Arche de Zoé

Les membres de l’Arche de Zoé, menés par Eric Breteau, ont été arrêtés sur la route menant à l’aéroport le 25 octobre à Abéché, principale ville de l’est du Tchad, alors qu’ils s’apprêtaient à faire embarquer à bord d’un Boeing-757 les 103 enfants, présentés comme des orphelins de la région soudanaise voisine du Darfour en guerre civile.

Le gouvernement Français, la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme et le ministre des Affaires étrangères, condamnent comme « illégale et inacceptable » l’action menée par l’ONG humanitaire française L’Arche de Zoé, dont les membres sont aujourd’hui graciés par le Tchad. Mais, au même titre que celle des organisateurs de l’opération, tous portent dans ce fiasco d’une ampleur inédite une lourde responsabilité, juridique, morale et politique. Côté responsabilité directement engagée, de grandes zones d’ombre subsistent sur ce que savait exactement le gouvernement français. Rama Yade était au courant depuis juillet dernier de cette opération de rapatriement d’enfants soudanais .Eric Breteau a été entendu à la brigade des mineurs avant son départ pour le Tchad, il n’a jamais caché ses intentions, son but avoué et affiché dans tous les documents qu’il diffusait se faisant fort de rapatrier 10.000 enfants du Darfour vers l’Europe et les Etats-Unis, dont un millier en France. l’Arche de Zoé n’a finalement fait que mettre en pratique les concepts d’ingérence humanitaire prônés par Bernard Kouchner. Ils ne sont pas coupables d’avoir inventé la morale humanitaire, seulement de l’avoir mise en œuvre grossièrement.

Après une instruction et un procès menés tambour battant et à charge, ce qui avait provoqué la grogne des magistrats tchadiens et de la défense qui pointaient des irrégularités nombreuses, ils avaient été condamnés le 26 décembre par la Cour criminelle de N’Djamena à huit ans de travaux forcés pour « tentative d’enlèvement d’enfants ».

Idriss Deby, le chef d’état tchadien, à peine sauvé grâce au soutien des militaires français d’une attaque rebelle qui a failli le renverser les 2 et 3 février, a gracié les six condamnés français.

Jean-Daniel Guillou